Comme pour le précédent point d’étape, commençons l’analyse par la marche, mais en considérant tous les athlètes encore en course le 26 au soir cette fois. On voit sur le tableau ci-dessous que les chiffres restent exceptionnels, tant du point de vue du temps passé à marcher, que des dénivelés positifs avalés. Saisissant ! Mais certains athlètes, comme Garza ou Nübel, et probablement à cause d’une météo maussade, ont fait le choix de la route, en limitant le cumul de ascensions, s’économisant ainsi plus de 5000 mètres de dénivelés à gravir. La vitesse moyenne s’en ressent d’ailleurs pour ce dernier, très rapide avec 6.9km/h de moyenne hors pause. Fait surprenant, l’ensemble des athlètes a parcouru sur la période de trois jours considérée ici, à peu près autant que lors des quatre premiers jours, avec 155km en moyenne environ. Dans l’ensemble, le rythme s’est donc accéléré ! Et on l’a bien vu au travers de cette séquence de course serrée, où chacun avait une carte à jouer.
Autre fait intéressant, dont nous avions dit que nous reparlerions dans ce point : la variabilité des allures. Si l’on considère le graphique ci-dessous, qui rapporte pour chaque athlète la variabilité de sa vitesse moyenne en fonction du dénivelé engrangé, on constate différents cas : certains ont une allure très régulière dans tous les cas (Ogisawa, Margelisch), quand d’autres tendent à être plus irréguliers quand le dénivelé augmente (Genovese, Pinot), et enfin, un autre groupe (Maurer, Durogati) tend à devenir de plus en plus constant quand l’effort augmente. Serait-ce une affaire de distraction, liée au moment que les coureurs choisissent pour définir les options, discuter, s’alimenter, partager sur les réseaux, etc. ? Ou bien est-ce véritablement un style propre à chacun, ou plus particulièrement lié à la condition physique de chacun en regard de l’effort fourni ? C’est un paramètre que vous pourrez observer par vous-même, à l’occasion de la prochaine mise à jour de XC Analytics !
On le sait depuis la création du RedBull X-Alps : la course se gagne dans les airs. Pour donner un peu plus de relief à cette considération déjà évoquée dans le précédent rapport, considérez l’histogramme ci-dessous, qui représente la part de la marche et du vol pour chaque pilote : on pourrait presque y retrouver directement le classement ! La tête de course passe environ 20% du temps à marcher, les poursuivants autour de 30%, et la queue de peloton se situe vers 40% et plus.
Les champions de la marche à pieds, comme Outters, Grossrubatcher ou Coconea, arrivent à compenser partiellement par leur performance exceptionnelle au sol. On ose à peine imaginer la charge physique et la fatigue à terme engendrés par de tels surplus d’énergies déployés !
Côté vol, on distingue bien la remontée des français avec des vitesses moyennes très élevées, dépassant cette fois celles des Suisses. Le mot d’ordre est à l’attaque pour nos compatriotes, à l’approche et sur le terrain national. On a d’ailleurs vu, à cette occasion, Pinot et Outters repasser respectivement devant Maurer et Känel à un moment ou à un autre de cette portion de la course.
On pourrait presque deviner le changement d’attitude à travers ces chiffres, en tenant également compte de l’altitude : les Suisses volent plus hauts, avec plus de marges, quand les français évoluent à des altitudes moyennes inférieures. Mais il n’y a pas que du côté des leaders que le classement a été chamboulé, et il y a une bonne raison à cela.
Cette bonne raison, ce sont les phases d’Ascendance. Comme le montre le tableau ci-dessous, sur cette séquence de trois jours, certains challengers ont vraiment tiré leur épingle du jeu. Avec un très bon vario moyen, et une grande distance couverte grâce à chacun d’entre eux, Bramfitt, tout comme Dorlodot, exploitent bien la masse d’air. On aurait aimé qu’ils croisent davantage de thermiques cependant ! En la matière, ils sont à l’opposé de Garza.
En y regardant de plus près, on peut discerner la baisse de régime chez Durogati, pendant que Schelven, au contraire, monte en puissance. Cela se traduit directement dans les classements.
Le rythme moyen de chaque coureur varie évidemment en fonction de la météo rencontrée. Mais à quel point cela influe-t-il sur la distance parcourue ou sur le ratio marche/vol ? Jetons un œil aux graphiques ci-dessous, présentant ces éléments pour chacune des journées considérées ici.
La journée du 24 est propice à la zone occupée par Garza / Bramfitt, qui réalisent à cette occasion de très beaux vols, et leur classement s’en ressent, autant que l’écart qui les sépare des leaders. Pour autant, le passage instable les gagne sur la journée du 25, alors le peloton de tête commence, lui, à toucher des conditions favorables. On passe ainsi de ratios où la marche représente plus de la moitié de la distance parcourue, à moins du quart le lendemain.
On finit par arriver à la journée du 26, qui a fait vibrer la planète parapente ! Quasiment tous les coureurs touchent de bonnes conditions, et les premiers sont aidés par leur positionnement de parcours avec le flux météo de secteur Sud. La marche est pratiquement inexistante, en dehors des tout débuts et fin de journées. On voit à quel point le choix de Känel de ne pas rejoindre la vallée de Sion peut lui coûter, et la performance en vol de Pinot (et Outters), qui par sa trajectoire plus directe (et donc inférieure en distance totale parcourue), parvient à damer le pion à l’aigle d’Adelboden.
Comme on l’a vu ces derniers jours, l’aventure n’est pourtant pas terminée. L’option choisie en fonction de la prévision météo finira par avoir son impact décisif. Mais sur le papier, c’est indéniable, ce sont les français qui ont dominé cette deuxième séquence de course. En ce sens, les statistiques de vol réalisées par les leaders dans des conditions météo similaires sont particulièrement parlantes, et confirment bien l’importance de certains paramètres révélés par XC Analytics.
Rendez-vous peu après le 2 juillet et la fin officielle de la course, pour un dernier point récapitulatif sur l’ensemble du RedBull X-Alps, et ses facteurs décisifs !